Abonnement 2025

Quelques mots pour les abonnés actuels et les personnes en liste d'attente pour lancer la campagne 2025.

Un texte suit, à lire, mais je fais un résumé en amont : je vous demande svp de confirmer vos intentions pour 2025 avant le 15 novembre, à vous engager pour 2025 en choisissant un nombre de paniers. Nouveauté, j'ai supprimé les 36 paniers car je vais cibler 32-35 semaines de livraison maximum (difficile de faire plus avec les travaux de préparation en étant seul), et j'ai rajouté l'option 18 paniers pour ceux qui sont entre les deux. Important : essayez svp de prendre dès le début le nombre de paniers que vous imaginez prendre dans l'année, si tout le monde prend 12 paniers et en veut au final plutôt 24, ça risque de bloquer un jour. Par contre, si à la fin vous en prenez plus de 24, nous ferons comme les années précédentes, paiement en fin d'année des paniers pris en plus.

Les paiements (comptant par virement svp ou mensualisé en me remettant 3, 4 ou 6 chèques) seront à faire pour le 15 décembre au plus tard, comme ça je passe mes commandes de semences et approvisionnement fin décembre et ensuite je décroche quelques semaines pour du vrai repos physique et mental, qui ne sera pas de trop. Merci d'avance.

Je rajoute aussi l'onglet "Pour-repos", un équivalent du pourboire, mais pour me reposer. Le prix des paniers permet l'existence de la ferme, pour celles et ceux qui peuvent et veulent me soutenir plus pour le boulot et ce que je fais, je les remercie d'avance.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, 2024 a été une année de galères. Ca aurait pu être bien pire encore (= insurmontable) si je n'avais pas fait un bon début de saison qui m'a permis d'assurer un gros niveau de production au printemps alors que beaucoup de producteurs ont eu des grosses difficultés à cette période. La bonne réussite de début de saison vient de la bonne préparation, bon équipement dans lequel j'avais investi "au-cas-où", et beaucoup de travail en février-mars-avril dans des conditions qui n'étaient pas simples, vent, pluie, fraîcheur.

Mais ensuite ça a été très difficile car il y a eu un gros caillou sur le chemin, le conflit avec l'association WWOOF France, je ne voulais pas laisser passer cette injustice (une partie de l'équipe salariée qui a poussé à bout David, le président-fondateur de WWOOF France en bloquant des projets votés en AG et en n'en faisant qu'à leur tête, un chouette type, qui a dédié 20 ans de sa vie à créer et développer l'association avec des valeurs humaines saines) et cette évolution débile d'une association qui était vraiment un truc extraordinaire. Accueillir dans les fermes, pouvoir partager son métier avec des gens du monde entier, avoir une aide pour réduire la pression, et former des gens qui ensuite retournent en ville s'abonner à des paniers ou s'installent eux-mêmes ensuite, ça c'était de l'impact réel et concret, pas de la branlette théorique ! J'étais l'hôte français avec le plus de commentaires positifs sur son profil de tous les 2200 hôtes français, Michel Blassel ("Le rucher creusois") et le duo Marie-Claude Belloy /Norbert Baudry ("Pain d'ami") étaient eux aussi des profils très commentés, avaient reçu beaucoup de monde, étaient même des membres du Conseil d'Administration de l'association, passé pour Michel, qui avait démissionné en solidarité avec David fin 2022, ou actuelle pour Marie-Claude, Norbert était un référent historique dans sa région. Ce conflit est toujours en cours, c'est difficile, ça prend du temps, mais nous essayons de faire ce qu'il faut pour les coller au tribunal, avec Michel, Marie-Claude et Norbert, les autres hôtes historiques exclus avec moi pour avoir contesté leurs agissements et celles et ceux qui nous soutiennent. Heureusement ma tribu d'anciens wwoofers est là et aide, témoignages, coups-de-main en venant faire des petits missions commando à la ferme pour m'aider, mais cet épisode m'a déséquilibré cette année : je n'ai pas pu planter mes aubergines, mes poivrons, mes céleris, mes tomates tardives, pas pu désherber mes carottes à temps, planté mes courges trop tard, etc, beaucoup de stress, beaucoup d'absurde, moins d'aide, du temps passé pour expliquer, récolter les procurations, les témoignages, etc. Agathe, une ancienne wwoofeuse, a préparé une super pétition, j'aurai besoin que vous la signiez le plus possible. Je ne crois pas beaucoup aux pétitions mais c'est au moins une première action publique. Pour ceux qui veulent aller plus loin dans l'action, manifestez-vous et nous en parlerons ! Nous avons besoin d'aide, nous sommes débordés sur nos fermes, et ces saligauds jouent là-dessus. Faut pas laisser passer car ici c'est 20 ans à construire une association fantastique, fonctionnelle, avec de l'impact, indépendante financièrement, avec 1 000 000 d'euros sur les comptes pour financer des gros projets, ça n'arrive pas tous les jours. Mais on comprend qu'elle ait suscité l'envie de types bien représentatifs de l'époque, qui sous-couvert de grands engagements théoriques, viennent emmerder celles et ceux qui font les choses.

Maintenant, je me réorganise entre temps pour pouvoir assurer le travail, ce qui est largement possible, mais ça demande d'être tout le temps en forme, d'avoir bien préparé la saison en amont et d'avoir un espace de vie confortable (avoir un espace salubre, chaud et sec l'automne/hiver n'était déjà pas simple ces dernières années à la ferme mais là au moins désormais nous avons un "chez-nous" confortable donc c'est déjà une base pour pouvoir assurer le travail de titan.

Hors de cette histoire avec WWOOF, la situation à la ferme reste tout de même précaire, sur un fil. J'ai bien avancé depuis le début de reprise des terrains en 2016/2017 et des difficultés terribles les premières années, mais il y a encore fort à faire et actuellement les comptes ne permettent pas de financer des investissements vitaux pour la pérennité de la ferme à long-terme, et pouvoir prendre le temps chaque année de me former et de pratiquer des choses importantes pour l'autonomie de la ferme à court/moyen/long-terme : compétences en travail du métal, du bois, en mécanique tracteur, et aussi améliorer les systèmes de production à la ferme : plus d'autonomie dans la matière fertilisante, plus de fertilité dans les sols, système de stockage des eaux de pluie, etc etc !

Par ailleurs, il faut investir sur la ferme dans des bâtiments, et sur un "chez-nous" à nous. Malheureusement les 2 petites fermes familiales au village (les maisons / bâtiments) ont été vendues il y a des années déjà, je n'étais ni sur place ni en capacité d'acheter à l'époque. Donc il faut recommencer. L'outil de travail productif est pas trop mal, et j'aurai fini les investissements de long terme dans la partie végétale : les haies sont plantées partout, les arbres sont plantés partout, le verger est planté (production à partir de 2028-2030), les petits fruits rouges sont plantés, la vigne est bientôt plantée (production à partir de 2026), mais maintenant il faut du bâtiment de stockage des récoltes, du matériel, des ateliers de travail du bois, du métal, de mécanique. Sans ça, pas de viabilité. Et de toutes façons, la seule voie pour réaliser cela est la voie de la débrouille : petits bâtiments d'occasion à démonter/remonter, petits outils sur les brocantes, etc. Tous les investissements en neuf sont hors de portée pour moi, ou alors il faut commencer à rentrer dans cet autre système absurde des subventions et de l'endettement, mais c'est un leurre, les fournisseurs de matériel neuf intègrent le fait que leur matos est subventionné et gonflent les prix donc aucun sens. Mais il restera tout de même des achats de matériel à faire, et des travaux à payer donc ça sera toujours, à mon échelle, des grosses sommes.

Mais sans ça, pas de viabilité. J'ai déjà porté à bout de bras la ferme ces dernières années, le temps de tout installer, mais là j'ai atteint la limite physique de la chose. Cette année, j'ai passé 8 mois à bosser comme un acharné, quasiment non-stop, pas de weekends, pas de vacances, dans des conditions très dégradées et ça a mené naturellement là où ça mène, un accident, pas grave heureusement, mais les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets, mais ça pourra être bien plus grave, et ça le sera nécessairement un jour dans des conditions pareilles (cf 2022 pour un doigt multifracturé et quelques mois d'arrêt). D'où le "Pour-repos" également.

Pour aller vite :

Chaque année pour faire tourner la ferme correctement, nourrir les sols, maintenir les tracteurs et le matériel en marche, acheter les semences, le compost, le foin, l'engrais, le terreau, les prestations de l'ESAT qui me fait quelques missions pour la ferme, rembourser mes dettes, payer mes charges de MSA, mes assurances, mon eau, mon électricité, la certification bio, des voiles de protection et des filets, faire quelques petits investissements en matériel, financer un véhicule de livraison ainsi que le carburant pour ce véhicule, son entretien, il y en a pour 50 000 euros par an.

Avec ça, j'ai juste le droit de jouer, j'ai eu le droit de travailler, de faire une saison, en maintenant mon matériel en état, en maintenant/améliorant la fertilité de mes sols et allez, je me suis nourri.

Mais je n'ai encore rien investi dans les bâtiments et l'infrastructure ici (besoin de 10 000 euros par an pendant au moins 5 ans), je n'ai encore rien investi dans la construction / rénovation d'un "chez-nous" à nous (besoin de 10 000 euros par an pendant au moins 5 ans, ici c'est plus), et je n'ai pas mis de côté une épargne de sûreté (besoin de 10 000 euros par an pendant au moins 5 ans pour avoir un an de charges de côté en gros, ce qui permettrait de travailler sereinement).

Actuellement, les abonnements paniers représentent autour de 40 000 euros par an, il faudrait arriver à 50 000 euros de paniers, ce qui assurerait ma base. A moi de pédaler ensuite pour trouver les 30 000 euros restants avec une combinaison de stands, de fleurs, et d'un autre nouveau projet. Ces dernières trois années, je suis autour de 60 000 euros de chiffre d'affaires donc ça me permettait tout juste d'investir sur la ferme (haies, matériel, verger, etc).

Donc plusieurs actions prévues :

- Augmentation des prix des paniers, on ne peut pas y couper. Si je suis techniquement bien calé, que je bosse beaucoup, que je peux pas bosser plus et que je suis financièrement juste, c'est que les prix sont pas à la hauteur du travail, dans ce pays en 2024 avec les conditions du moment, pas de miracle.

- Une poignée d'abonnés paniers en plus à trouver, mais à la marge car mon début de semaine est déjà fort plein. Pour réussir ça, il faut être bien prêt en début de saison.

- Développer la production (et surtout la vente) de bouquets de fleurs. J'ai récupéré une grande serre pour ça, il y a une grosse semaine de travail, voire 10 jours, pour tout remettre en état de produire, mais ensuite en avant, ça peut être bien productif, avec une vente sur la fin de semaine plutôt (fleuristes + nouveau système de ventes directes pour les bouquets)

- Développer un autre projet qui permettrait d'envoyer ponctuellement des produits de la ferme à Paris et ailleurs. Idem, pour une production de fin de semaine. C'est dans les tuyaux.

- Me reposer mais déjà me mettre en ordre de bataille pour préparer un maximum de jardins pour 2025, pour que les jardins soient prêts pour les essentiels loupés cette année ou arrivés trop tardivement (carottes, courges, etc). Ca ne pardonne pas : décalage de 2 mois des carottes = 2 500 euros de ventes manquées sur les stands en septembre octobre avec les carottes que je ne pourrai pas rattraper.

Il y a des choses positives, des choses qui avancent, mais ce n'est pas possible d'être à l'arrache et trop juste ainsi en cas de pépin, qui arrivera nécessairement donc il faut agir sur ces leviers.

La situation dans les fermes petites et moyennes est difficile en ce moment, et ce n'est pas en attendant d'hypothétiques perfusions financières de l'Etat qui ressemblent plus à un shoot d'anesthésiant qu'on s'en sortira.

Je suis assez réaliste sur la situation mais il faut que je m'en sorte, et ça passera par plus d'autonomie, plus de compétences, moins de pression, plus de petits investissements. Donc malheureusement pour le moment, pluss de sous !

Je regarde tout ce qui se fait ici et là, et la qualité que je produis est très rare. Donc ça serait bien que ça continue à exister.

Merci d'avance, et je suis dispo pour toutes questions.

Julien